Ligotez en plein désert par un général à l'accent hasardeux ?

Faites comme Chuck : Buvez Perrier !

 


Sally Jeffers : Vous avez l'air épuisez.

Sheriff Herb GellerLa soirée a été longue... merci.

Sally Jeffers : Et elle va être plus longue encore.

Sheriff Herb Geller : Ça c'est bien vrai...
Un seul policier et six volontaires :
J'ai l'impression d'être un unijambiste dans un concours de coup de pied au cul...
Le Blob - Chuck Russel (1988)


Sally Jeffers : You look exhausted.
Sheriff Herb Geller : It's been a long night. Thank you.

Sally Jeffers : It's gonna be even longer.

Sheriff Herb Geller : That's the truth. One deputy and six volonteers.
I feel like a one-legged man in an ass-kicking contest.
The Blob - Chuck Russel (1988)

À La Quarante Neuvième Minute...

                                         A Tombeaux Ouvert (1999)

Frank, l'ambulancier est venu chercher Marie pour l'amener voir son père qui se bat entre la vie et la mort  dans un hôpital surchargé. Le patriarche  fébrile et tandis qu'une équipe tente de le stabiliser. Frank éloigne Marie, ils s'isolent tous les deux dans les vestiaires, le silence s'installe enfin alors que le responsable du montage semble faire un AVC...


C'est le genre de détail qui me tue. Je me suis toujours poser la question, quelle est la signification de ces satanés fondus enchainés sur le visage de Patricia Arquette ?
Cage tombe amoureux ? le temps qui passe ? Une erreur de Thelma Schoonmaker (la monteuse de Scorsese qui mériterait un oscar™ a chaque film) ? ou alors Martin Scorsese décide d'enfumer la règle des 180°?!??

Bringing Out The Dead est très souvent considéré comme un Scorsese mineur par la critique institutionnalisée.
Vraie ou fausse, cette assertion définitive n'engage que ces auteurs et on se consolera en rétorquant qu'il y aura toujours plus ce cinéma dans un Scorsese mineur que dans un Nolan majeur (...c'est gratuit, ça me fait plaisir)
En tout cas Bringing Out The Dead était un film très attendu à la fin des années 90.
Pensez donc : venant après une glorieuse décennie en cinémascope pour son auteur (entamée en fanfare avec Les Affranchis) il marquait surtout les retrouvailles du scénariste et du réal de Taxi Driver pour une nouvelle errance urbaine et new yorkaise jusqu'au bout de la nuit.

Sauf que Marty a changé : l'asthmatique cocaïné qui jouait sa vie a chaque film est devenu un cinéaste plein et entier rempli des excès baroques de ces précédents métrages (Casino, Les Nerfs a Vif, tout ça...)
Sauf que Paul Schrader a changé : le luthérien cocaïné lui aussi en a fini avec la haine de soi et est devenu un scénariste étudié et un cinéaste plus qu'intéressant (redécouvrez Affliction ou Auto focus, bande de mécréants !)
Sauf que Nicolas Cage n'est pas Robert De Niro....
Sentant le piège arrivé, les deux filous feront tout pour prendre le contre-pied de la critique citée plus haut et concevront cette adaptation d'un bouquin semi-autobiographique comme le parfait contraire de leur Palme D'Or© de 1976.
Une sorte de doppelganger flamboyant à leur chef d'œuvre mortifère.

Autant Taxi Driver était un film ultra contemporain, dès son carton d'ouverture Bringing Out The Dead se présente comme un film historique situé dans un New York pré-Giuliani et le grand nettoyage qui a accompagné le règne du futur porte-parole Trumpiste.
Autant Taxi Driver était un film âpre et minéral construit autour d'un De Niro sur le point
d'exploser,  Bringing Out The Dead sera structuré dans un chaos hystérique catalysé par un Nicolas Cage qui a l'air d'avoir fondu ces derniers plombs depuis bien longtemps déjà.
Taxi Driver est rythmé par les regards inquisiteurs de Travis Bickle observant les New Yorkais marchant au ralenti dans un dépotoir à ciel ouvert sur un jazz lancinant de Bernard Hermann.
Bringing Out The Dead colle aux basques de Frank qui traverse un New York surréaliste accéléré par la batterie amphétaminée du "Janie Jones" de The Clash...

Le film se construit sous nos yeux au gré des rencontres de personnages hauts en couleurs, là où chaque personnage qui croisait la route de Travis était là pour lui signifier qu'il n'est pas à sa place ;  Frank prend son pied dans cette ménagerie de fous même s'il ne veut pas se l'avouer.
Marie/Betsy, Rose/Iris ou Marcus/Wizard... les exemples ne manquent pas : 
pratiquement chaque personnage du film de  99 a son équivalent dans le film de 76 mais là où Taxi Driver suivait une droite ligne jusqu'à la catharsis autodestructive de Travis ; la narration de Bringing Out The Dead se fait tout en virages serrés a bord d'une ambulance conduite par le Tom Sizemore hystérique d'avant sa sextape.


Contrairement a un Travis Bickle enfermé un délire meurtrier, Fank se meurt de ne pas pouvoir sauver quelqu'un ; que ce soit un acteur qui n'a pas encore signé avec HBO (Michael K. Williams,
Aida Turturro, Sonja Sohn...) ou le père de cette ancienne junkie... ou Rose...
Visuellement le film est un caviar pour les yeux, les saynètes s'enchainent entre moments intimistes ou fantasmagoriques qui culmineront dans un flashback tourné à l'envers !
Comme s'il voulait oublier l'académisme qui plombait Kundun, Scorsese organise un enterrement rock n'roll et incandescent pour SON New York a lui, celui où on vous conseillait de tenir fermement votre sac avec ses deux mains...

Après avoir mis un point terminal a ces obsessions urbaines, il pourra partir rejoindre Di Caprio et les Oscars™, laissant Nicolas Cage dans les bras de Patricia Arquette prostré comme une pietà de Michel-Ange.

Et alors, ce montage chelou, ça veut dire quoi ?
Peut être que le montage de Bringing Out the Dead  veut s'affranchir la rigueur mathématique de celui de son illustre modèle de 76.
Allez savoir... 
Moi, je m'en fous ;  je veux juste errer dans les rues de New York en écoutant le "T.B. Sheets" de Van Morrison...

Robert Doback :Listen. Listen to me. Dale,look, when I was a kid...when I was a little boy, I always wanted to be a dinosaur. I wanted to be a tyrannosaurus rex more than anything in the world.
I made my arms short and I roamed the backyard...and I chased the neighbourhood cats, and I growled and roared.
Everybody knew me, was afraid of me.
And then one day, my dad said : 
"Bobby, you're 17. It's time to throw childish things aside." And I said, "Okay, Pop."
But he didn't really say that, he said :
"Stop being a fuckin' dinosaur and get a job."
But, you know, I thought to myself :
"I'll go to medical school... I'll practise for a little while, and then I'll come back to it."
Dale :Dad...
Brennan :How is that a skill ?...
Robert Doback :But I forgot how to do it...
Dale :You're Human. You could never be a dinosaur...
Brennan : Yeah...
Robert Doback :Hey, I lost it...
Dale :Dad, What's the point ?...
Robert Doback :The point is : Don't lose your dinosaur.
Yeah. You know, I hated the way you guys were before. I meann I hated you. But it just kills me to see you so crushed and normal.
Listen to me, don't listen to me...
"Prestige Worldwide", that's what you gotta do.
Dale :You're saying we should go for it ?
Robert Doback : That's what I'm saying.
                                                                                                                                                            Stepbrothers - Adam McKay (2008)


Robert Doback : Ecoutez moi. Dale, écoute !
Quand j'étais gosse, quand j’étais un petit garcon. je rêvais d’être dans la peau d'un dinosaure, je voulais être un tyrannosaure rex et je le voulais plus que tout au monde.
Je recroquevillais mes bras et j'errais dans notre petit jardin et je chassais les chats en grognant et en hurlant ; tout le monde me connaissait et me redoutait.
Et un jour mon père m'a dit : "Bobby, tu as 17 ans tes gamineries ont durées assez longtemps
et j'ai répondu : "oui, papa".
Mais c’était pas vraiment ses mots il a dit : "Arrête de faire ce putain de dinosaure et trouve un travail."
Mais vous savez, j'ai réfléchi,  je me suis dit : je fais mes études de médecine, je pratique juste un petit peu et ensuite je m'y remettrai...
Dale : Papa...
Brennan : C'est un métier Dinosaure ?
Robert Doback : Mais j'ai oublié comment faire
Dale : T'es humain; tu seras jamais un dinosaure
Robert Doback : Ouais... je l'ai perdu.
Brennan : Quoi?
Dale :Tu veux en venir où, là?
Robert Doback : Ne perdez pas votre dinosaure.
Vous savez je détestais votre comportement d'avant, je vous détestais mais ça me fait trop mal que vous soyez devenu si fades et normaux, vous n’êtes pas obligez de m'écoutez.
Mais "Prestige Wolrdwide", c'est... c'est ça que vous devriez faire
Dale : Tu veux dire qu'on devrait se lancer
Robert Doback : C'est ce que je veux dire...
Frangins Malgré Eux - Adam Mckay (2008)

À La Quarantième Minute...

Panic Sur Florida Beach (1993)



Jeune cinéphile des années 60, Gene Loomis voit débarquer dans sa ville son idole Lawrence Woolsey, l'immortel auteur de l'Abominable Dr. Diablo vient présenter son nouveau hit Mant : l'histoire d'un homme irradié qui se transforme en fourmi géante.
Woolsey explique au gamin comment fonctionne le procédé révolutionnaire de l'Atomo-Vision et pourquoi l'on aime se faire peur au cinéma...


En ces temps de nostalgie vendue comme des bidons de lessive, Matinee (on oublie le titre français, Ok ?) ressemble à une petite capsule temporelle où Joe Dante déclare son amour inconditionnel au cinéma Bis américain avec une sincérité désarmante. Il recréé une Amérique encore naïve et son cinéma peuplé de scientifiques fous et monstres atomiques  
La cinéphilie dévorante du cinéaste se trouve dans les 4 coins de l’écran des affiches de Roger Corman au sièges vibrants de  William Castle  jusqu’à la rencontre avec un producteur qui ressemble trait pour trait au mythique Samuel Z.Arkoff.

Prenant place durant la crise des missiles cubains, le film trouve une profondeur insoupçonnée lors de ce long travelling arrière en forme de ballade dans le musée imaginaire de Joe Dante.
Lawrence Woosley se voit en mentor et offre alors une leçon de cinéma au petit Gene.
Il remonte aux sources du cinéma (voire de l’humanité) en déclarant que l’homme doit ressentir des émotions pour survire, de partager des émotions pour se sociabiliser et d’une narration pour pouvoir partager.

C’est une gentille provocation de la part de cet anarchiste tranquille qu’est Joe Dante d’avoir fait passer cette idée universelle à travers le personnage de John Goodman qui joue une sorte de parodie de William Castle, margoulin responsable des gimmicks les plus ridicules du cinéma des années 50 et réalisateur de l’excellent The Tingler avec Vincent Price.
Rufus : Non papa, doucement.
T'inquiètes pas pour Lester ; je lui fais confiance.
Le Maire Buckman : Ecoute-moi ; un jour tu sais, j'ai fait confiance a un pet :
Je me suis retrouvé couvert de merde.
2001 Maniacs - Tim Sullivan (2005)

Rufus : Now, Daddy. Daddy, don't mind Lester none. I got full confidence in him.
Mayor Buckman : Son, one time I had full confidence in a fart. Shit all over myself.
2001 Maniacs - Tim Sullivan (2005)

À La Quarante Deuxième Minute...

Ici Brigade Criminelle (1954)


Carl et Jack sont de flics de la criminelle enquêtant sur un vol qui a déjà fait un mort. Ils remontent la piste de l'argent volée et croisent la route d'une belle pianiste de bar aux goûts de luxe.
Les deux flics se lancent à la poursuite du voleur mais le criminel et sa voiture échouent dans un ravin à la sortie d'un virage un peu serré...

Réalisé par le grand Don Siegel,produit, interprété et écrit par l'indépendante Ida Lupino et dialogué par le mythique Sam Peckinpah ; Private Hell 36 (titre original et moins passe partout) a tout pour mettre en émoi le cinéphage curieux.
Hélas, toute la première partie de cette petite série B se traîne jusqu’à la scène qui nous intéresse ici : Au terme d'une course-poursuite somme toute classique dans ce genre de produit hollywoodien confectionnés a la chaîne, les deux policiers constatent l'accident et la mort de leur suspect n°1, le personnage de Steve Cochran se fait surprendre par un billet qui se colle à sa jambe ...

Sans échanger la moindre parole, les deux hommes tentent de récupérer le butin éparpiller par le vent.
Si au début on pense qu'ils veulent juste réunir des pièces a convictions, au fur et a mesure qu'ils remontent vers la caisse qui contient l'argent les deux flics présentés jusque là comme des modèles d'intégrité se conduisent comme de vulgaires rapaces ; esclaves rampants du tout-puissant Dollar.

Le regard déphasé de Howard Duff trouve une réponse sans équivoque dans le geste de son coéquipier : 
Dans une occasion pareille, tu prends le pognon et tu fermes ta gueule.
A partir de ce moment-là le film commencera réellement ainsi que le style de Don Siegel qui n'aura de cesse de brosser des héros a la morale ambiguë tout au long de sa prolifique carrière.
Cette toute petite scène marque le début d'une descente au enfers dans les méandres de la culpabilité pour nos deux fonctionnaires de police les menant tout droit vers une fin cruelle et ironique.


Raoul : Eh ben tu vois Bernadette, je vais te dire un truc. Aujourd'hui je suis heureux, tu comprends ? Heu-reux !
La serveuse : Je m'appelle pas Bernadette.
Raoul : Ben moi je t'appelle Bernadette, parce que je trouve que t'as une gueule a t'appeler Bernadette.
La serveuse : Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?
Raoul : C'est une gueule de... Bernadette.
Par exemple tu pourrais pas t'appeler Isabelle, c'est pas possible.

La serveuse : Bon d'accord t'as raison admettons que je m'appelle Bernadette.
En réalité je m'appelle Marthe mais enfin c'est pareil, c'est aussi con que Bernadette. Alors restons-en a Bernadette. Toi, je sais pas comment tu t'appelles mais je veux pas le savoir. Tout ce que je sais c'est que t'es comme les autres : un pauvre mec... complètement à coté de tes pompes, ça se voit dans tes yeux. Et puis les gens qui se prétendent heureux moi j'y crois pas des masses. Dès que j'entends le mot  "bonheur" je tique.
Qu'est-ce que t'en sais si t'es heureux ? T'es Amoureux ? Elle est jolie ? Elle a un beau cul ? Félicitations, aujourd'hui t'es gagnant, tant mieux pour ta gueule. Mais demain ? Qu'est-ce qui t'attend demain ? T'en sais quelque chose ? Tiens moi par exemple tu vois avec ma gueule de Bernadette, pour l'instant tu me considères comme une pauvre fille, comme un boudin et dans un certain sens t'as raison je vaux pas bien cher.
Mais un autre jour, dans d'autres circonstances, il pourrait arriver n'importe quoi entre nous. Il suffirait que le hasard veuille bien donner un petit coup de pouce et pourquoi pas je deviendrai la femme de ta vie. Il suffirait par exemple que tu te sentes un peu seul, un tantinet à l'abandon et tout d'un coup tu trouverais que Bernadette, c'est un joli nom.
Raoul : Ouais c'est possible.
La serveuse : Tout d'un coup, t'aurais envie que je te prenne dans mes bras, que je te console, que je te cache au fond de mon lit peut être.

Raoul : Peut être...
La serveuse : Il grince mon lit... faut pas faire attention le sommier est tout défoncé.
Raoul : C'est pas grave, moi je dormirai n'importe où.
La serveuse : Tu sais je suis le genre de fille qui prend toute sa valeur dans le noir.
Raoul : Je te crois...
La serveuse : Je connais tous les trucs pour empêcher un mec de dormir...                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Préparez Vos Mouchoirs - Bertrand Blier (1978)

À La Quarante et Unième Minute...

A Toute Épreuve (1992)

Coincé entre le remuant flic Tequila et Johnny le trafiquant d'armes psychotique. Tony doit exécuter le vieux chef mafieux M. Hoï si il ne veux pas griller sa couverture de flic infiltré...

Au milieu de ce déluge de feu et de poudre que constitue Hard Boiled, surnage cette scène qui contient toutes les obsessions de son auteur.
A une époque où il est devenu John-Tout-Puissant à Hong Kong, Woo se paye un billet simple pour l’Amérique, un bouquet final pour l'heroïc-bloodshed et un film méta pour lui.
Parce que tout au long des plus de 2 heures que dure le film, John Woo se raconte lui et son cinéma et comment il voit sa place dans l'industrie cinématographique HK de l’époque et comment son art doit muter pour s'expatrier....
En cela, Woo utilise son intrigue prétexte pour commencer ce monument du film d'action par la transposition moderne d'une scène d'ouverture typique d'un Wu Xia Pian de la grande époque (la scène de la maison de thé et ses éclairages caractéristiques des films de Hong Kong de ces années-là) jusqu’à progressivement faire muter le métrage en pur buddy movie d'action américain (le final dans l’hôpital avec ses lumières bleutées propres au cinéma de Cameron et consorts).



Tandis que son acteur fétiche Chow Yun Fat mène le bal avec la frime et la classe qu'on lui connait, Tony Leung synthétise tous les questionnements et les idéaux romantiques de John WooLa scène de l’entrepôt représente un pivot narratif dans le film et pour le perso de Tony.

Pour continuer dans l'exégèse méta, on peut voir M. Hoï comme un double de Chang Cheh.
Le cinéaste classique de la Shaw Brothers, réalisateur de La Rage Du Tigre et d'une dizaine d'autres incontournables du film de sabre ; mais également maître a penser de John Woo qui  fut son assistant sur l'excellent Justicier de Shanghaï.
Dans la scène qui nous intéresse Tony se voit contraint de tuer le père pour pouvoir réaliser son rêve de partir sur son bateau, comme Woo vers les USA.



Tout ceci serait d'une lourdeur indigeste si ce n'était pas transfiguré par l’interprétation de Tony Leung Chiu-Wai qui fait passer toutes les émotions contradictoires de son personnage déchiré entre le respect qu'il a pour Hoi et son intronisation dans le gang de Johnny.
Une performance qui culmine avec le regard qu'il lance à Johnny lorsqu'il se retourne vers lui, où il se force a sourire pour cacher ses larmes.
Un moment déchirant parachevé par le massacre des hommes de Hoï, car dans le Hong Kong de 1997 il n'y a pas de retour en arrière possible.


Ellen Brody : Martin déteste les bateaux, Martin déteste l'eau. Martin... Martin reste dans sa voiture chaque fois que nous prenons le ferry-boat. Ça doit lui venir de l'enfance, médicalement ça a un nom...
Martin Brody : Noyade.
Les Dents De La Mer - Steven Spielberg (1975)

Ellen Brody : Martin hates boats. Martin hates water. Martin... Martin sits in his car when we go on the ferry to the mainland. I gess it's a childhood thing. It's a... there's a clinical name for it isn't there ?
Martin Brody : Drowning.
Jaws - Steven Spielberg (1975)

À La Trente-Huitième Minute...

The Monster Squad (1987) 

...Dracula se réveille de mauvaise humeur et décide lâcher sur le monde une éternité de ténèbres avec l'aide de la momie, du loup-garou et tous les autres monstres libres de droits.
Heureusement, une bande de jeunes dangereusement exaltés sont là pour contrecarrer le noir dessein du suceur des Carpates.
Pour cela ils demandent l'aide d'un vieil immigré Allemand qui les terrifie...


Comme disait Blondin : "Tu vois Tuco, le monde se divise en 2 catégories : ceux qui aiment Les Goonies et ceux qui préfèrent Monster Squad."
Je cite de tête...
En ces temps de nostalgie doudou des années 80 (en attendant la nostalgie doudou des années 90),
il faut que j'avoue que le film de Richard Donner a toujours suscité en moi au mieux une indifférence polie au pire un rejet pur et simple digne des Visiteurs ou d' Independance Day pour ce mauvais film mou du genou.
D'accord, Monster Squad n'a pas volé sa réputation de sous-Goonies opportuniste ; les points communs entre les deux films abondent :
De Mary Ellen Trainor qui joue exactement le même rôle à la bande de gamins qui ressemblent plus a une collection clichés qu'a de véritables personnages.
Mais plus que le délire Goonies vs. Dracula qui ne peut que parler à mon cœur de bisseux, il y a une vraie noblesse a vouloir faire un film d'horreur pour enfants comme Gremlins. Et dans le fait de ne pas censurer les gosses pour les faire jurer comme des charretiers.
Et c'est dans Les Goonies qu'on voit des gamins de 12 ans jouer avec des shotguns ?


Un vrai film de passionnés bardé de références a la sous-culture de cette époque dominée par Steven Spielberg et Stephen King.
Et puis les maquillages de Stan Winston et son équipe sont largement meilleurs que le masque dégueulasse de Cynok avec son œil tordu et ses oreilles en plastique, surtout la momie et la créature du lac noir.
Je ne parlerai pas du Dracula d’opérette, élu meilleur Dracu du monde par le magazine Wizard à la surprise générale.
Encore moins d'une série de raccourcis et d'invraisemblances que l'on peu difficilement justifier même si un bon tiers du scénario a été sabré avant le début du tournage.
On retrouve dans l'écriture de Shane Black  la distance ironique de ces dialogues toujours drôles, les gamins de Iron Man 3 ou de The Nice Guys, les obsessions hard-boiled de Last Boy-Scout servis par un Fred Dekker appliqué qui  avait dirigé quelques années auparavant une épatante Night Of The Creeps avant un terrifiant Robocop 3.
Un véritable exercice équilibriste entre un profond respect pour les figures iconiques de la Universal et ce qu'il faut d'irrévérence pour plaire au grand public plus cynique.
Un travail habile avec lequel le duo Black et Dekker (!!!) se torchera avec la grosse blague nommée The Predator.


Mais cette seule scène fait toute la différence. C'est peut-être la scène la moins spectaculaire du film.
Lorsque le gamin s’étonne que le personnage de l'ermite s'y connait en monstre, ce dernier prend un air évasif et lui confirme qu'il connait les monstres tandis que la camera de Dekker (qu'on a connu moins subtil) zoome légèrement vers le bras de l'allemand pour découvrir le tatouage d'un camp de la mort.
D'un seul coup, par la grâce d'un seul plan, le petit film mal foutu surfant sur la vague Goonies prend une toute autre dimension,
une dimension qui fait froid dans le dos.




Xavier Maréchal:Du linge ?

La Réceptionniste: Beaucoup de politiciens,d'aimables clowns, quelques duchesses ;
pas mal de putes... la qualité française,quoi.
Mort D'Un Pourri - Georges Lautner (1977) 

Au commencement...


Terminator 2 : Le Jugement Dernier (1991)

C'est la merde.... Sarah Connor nous explique que les êtres humains servent maintenant de chair a pâtés pour des culturistes autrichiens lourdement armés...

Une image terrifiante, une vision d'apocalypse de toute beauté, implacable comme la musique de Brad Fiedel qui l'accompagne...
Ce plan d'ouverture de Terminator 2.



Ce plan qui rappelle celui du premier : l'image bleutée et ce crane humain au premier plan, le texte qui apparaît à l’écran "les machines s’élancèrent des cendres du feu nucléaire,..."
Les images du futur de Terminator ont imprimées la rétine d'une génération entière.
Conscient de l'impact de son ouverture, Cameron reprend le crane du film précédent pour le faire piétiner par l'exosquelette de Schwarzy.
La camera monte, un robot hostile tient un méga tromblon, tandis derrière lui se déchaîne les enfers de la guerre nucléaire entre les humains et le machines.



Il y a toujours dans la vie d'un cinéphile un moment charnière, un instant précis où ce que l'on voit sur l’écran est quelque chose que l'on a jamais vu ou ressenti auparavant.
Un moment ou une sensation que seul le cinéma est capable de vous faire ressentir.
Si je devais mettre le doigt sur cet hapax existentiel, cet effet de sidération, la scène primitive, l'effet waouh, le dépucelage, le craquage de berlingot...
Ce moment où le film nous absorbe tout entier avec notre consentement.
Aussi loin que je me souvienne mon premier instant hot-dog serait la découverte en salle de ce plan d'ouverture.

Le plan de ouf qui renvoie en quelques secondes a tous les fantasmes SF en proposant une image qui pourrait illustrer un recueil de "La Grande Anthologie De La Science Fiction" ou un numéro inédit de Metal Hurlant

Une sorte d'icone (cyber-)punk où le No Future de 77 s'est vu upgradé en No Fate pour 1997...