À La Quarante et Unième Minute...

A Toute Épreuve (1992)

Coincé entre le remuant flic Tequila et Johnny le trafiquant d'armes psychotique. Tony doit exécuter le vieux chef mafieux M. Hoï si il ne veux pas griller sa couverture de flic infiltré...

Au milieu de ce déluge de feu et de poudre que constitue Hard Boiled, surnage cette scène qui contient toutes les obsessions de son auteur.
A une époque où il est devenu John-Tout-Puissant à Hong Kong, Woo se paye un billet simple pour l’Amérique, un bouquet final pour l'heroïc-bloodshed et un film méta pour lui.
Parce que tout au long des plus de 2 heures que dure le film, John Woo se raconte lui et son cinéma et comment il voit sa place dans l'industrie cinématographique HK de l’époque et comment son art doit muter pour s'expatrier....
En cela, Woo utilise son intrigue prétexte pour commencer ce monument du film d'action par la transposition moderne d'une scène d'ouverture typique d'un Wu Xia Pian de la grande époque (la scène de la maison de thé et ses éclairages caractéristiques des films de Hong Kong de ces années-là) jusqu’à progressivement faire muter le métrage en pur buddy movie d'action américain (le final dans l’hôpital avec ses lumières bleutées propres au cinéma de Cameron et consorts).



Tandis que son acteur fétiche Chow Yun Fat mène le bal avec la frime et la classe qu'on lui connait, Tony Leung synthétise tous les questionnements et les idéaux romantiques de John WooLa scène de l’entrepôt représente un pivot narratif dans le film et pour le perso de Tony.

Pour continuer dans l'exégèse méta, on peut voir M. Hoï comme un double de Chang Cheh.
Le cinéaste classique de la Shaw Brothers, réalisateur de La Rage Du Tigre et d'une dizaine d'autres incontournables du film de sabre ; mais également maître a penser de John Woo qui  fut son assistant sur l'excellent Justicier de Shanghaï.
Dans la scène qui nous intéresse Tony se voit contraint de tuer le père pour pouvoir réaliser son rêve de partir sur son bateau, comme Woo vers les USA.



Tout ceci serait d'une lourdeur indigeste si ce n'était pas transfiguré par l’interprétation de Tony Leung Chiu-Wai qui fait passer toutes les émotions contradictoires de son personnage déchiré entre le respect qu'il a pour Hoi et son intronisation dans le gang de Johnny.
Une performance qui culmine avec le regard qu'il lance à Johnny lorsqu'il se retourne vers lui, où il se force a sourire pour cacher ses larmes.
Un moment déchirant parachevé par le massacre des hommes de Hoï, car dans le Hong Kong de 1997 il n'y a pas de retour en arrière possible.


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